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Freidoune Sahebjam dévoile dans cet article un pan douloureux de son existence intime de père, marqué à jamais par la blessure indélébile du suicide de sa fille.


Freidoune SAHEBJAM
Le Monde du 5 juin 1993

L'incompréhensible blessure

Je me trouvais hors de France quand le drame de Nevers s'est déroulé le long d'un canal. J'ai lu avec du retard la presse et ses commentaires. Deux commentaires m'ont semblé très justes. L'un disait : " Devant une telle épreuve, il n'y a que le silence ou la prière " : il est de Raymond Barre.

L'autre ajoutait : " Quiconque a vécu - et qui ne l'a fait? - l'onde de choc du suicide d'un proche sait bien que la mort qu'on se donne, on la donne aussi aux autres. Que le fait de se taire de la sorte est une manière d'ouvrir un ultime dialogue avec les vivants, une autre manière de s'adresser à eux, une fois épuisées les voies de recours de la parole routinière et sans écho " : il est de vous.

J'ai perdu il y a plus de six ans une enfant de vingt ans qui est partie avec pour dernier message cette terrible absence et ce silence pesant qui n'en finissent pas de me hanter.

Comprendre? Mais comment? Et si jamais un jour je comprends ce geste, aurais-je finalement le droit de l'accepter, de l'excuser? La blessure est toujours aussi béante, comme au premier jour, ineffaçable, éternelle.

J'ai connu l'ancien premier ministre et sa famille, avant qu'il n'arrive aux affaires. Nous étions voisins à Passy. Il était solide, droit, rigoureux, honnête. Je ne comprends pas. Je ne veux pas comprendre.

Freidoune SAHEBJAM
Le Monde du 5 juin 1993